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Rafale – Le succès d'une filière française

Rafale – Le succès d'une filière française

29 septembre 2016

Alors que le Rafale était considéré depuis 15 ans comme un échec commercial, 2015 et 2016 ont été marquées par des annonces spectaculaires concernant l'exportation de ce programme. La surprise est d'abord venue d'Egypte avec l'acquisition de 24 avions, alors que les forces armées de ce pays sont largement équipées et financées par les Etats-Unis.
Début mai 2015, ce fut le tour du Qatar de signer un contrat portant sur la fourniture de 24 avions. Enfin, après 1 an et demi de négociation, le contrat indien (dont l'annonce en 2015 avait pris tout le monde de court) pour la vente directe de 36 avions fabriqués en France, vient d'être conclu, couronnant ainsi les deux années les plus fastes pour l'industrie de défense française (cf. la vente de 12 sous-marins Barracuda avec l'Australie).

Le désengagement américain

C'est avant tout parce que les pays du Moyen-Orient ont des doutes sur la pérennité de l'engagement américain dans la région, qu'ils se sont tournés vers la France ; celle-ci, au contraire, est engagée militairement contre les djihadistes au Mali et en Irak, et son intransigeance sur le nucléaire iranien et sur la Syrie a été salué de Rabat à Riyad. Ces contrats, ne sont d'ailleurs que les éléments les plus spectaculaires, d'accords qui concernent également une frégate, des missiles, et des blindés français. Il faut donc les comprendre, à la fois comme une marque de confiance des pays de la région envers la France, mais aussi comme un signal fort, envoyé aux Etats-Unis.

Diplomatie et industrie

Tout contrat portant sur du matériel aussi sophistiqué que le Rafale, nécessite au préalable, la signature d'accords de partenariat stratégique. Or ces accords ne sont crédibles que s’il existe dans le pays fournisseur, une filière industrielle complète et indépendante sur le plan technologique. La France réunit ces deux conditions, et sa filière industrielle, largement indépendante des technologies américaines, couvre les avions, les moteurs, les systèmes de mission, les capteurs et les armements. Aucun autre pays européen ou asiatique ne dispose d'un tel atout.

Un avion taillé pour un environnement incertain

Le succès du Rafale tient également à sa capacité d'engagement dans des conflits de nature très varié (Lybie, Afghanistan, Mali…). En effet, c'est un avion multi-missions : il permet donc, la mise en œuvre d'armements très divers par une même plateforme rapidement reconfigurable. Grâce à la filière industrielle structurée autour de Dassault, Thalès, Safran et MBDA, la France peut proposer à ses partenaires une couverture complète de leurs besoins opérationnels. Cette capacité est d'autant plus cruciale qu'ils sont confrontés à des engagements militaires multiples et protéiformes, dans un contexte instable et incertain.

Ainsi, cet avion qu'un ministre de la défense considérait invendable car trop cher et trop sophistiqué, s'avère parfaitement adapté à l'environnement imprévisible de ce début de 21ème siècle au Moyen-Orient, dans la péninsule indienne, et demain en Asie.