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Écrire une nouvelle page de la coopération économique franco-chinoise pour la nouvelle normalité

Écrire une nouvelle page de la coopération économique franco-chinoise pour la nouvelle normalité

27 juillet 2020

By Denis Depoux, Nicolas Teisseyre and Raymond Wang

  • La France et la Chine, une relation de longue date

En 1964, la France a été le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques en pleine guerre froide. Depuis lors, les relations entre la France et la Chine ont atteint de nouveaux sommets. Si la France a contribué de manière décisive au développement et à la modernisation de la Chine, cette dernière a offert des opportunités de croissance aux entreprises françaises, contribuant ainsi à alimenter la croissance économique et l’emploi en France.

Comment les entreprises françaises et chinoises ont-elles bénéficié de cette relation économique ? Par ailleurs, alors que la mondialisation est soumise à une pression croissante en raison de la montée du protectionnisme couplée à la crise de la Covid-19, quels sont les défis et les opportunités auxquels sont confrontées les entreprises françaises et chinoises ?

  • Des échanges économiques mutuellement bénéfiques et de plus en plus matures

La coopération économique entre la France et la Chine en termes de commerce, d’investissement et de production économique a rapidement gagné en maturité, la Chine passant d’une économie à faible valeur ajoutée reposant sur l’exportation à une économie de haute technologie et d’innovation stimulée par la demande intérieure.

Le commerce bilatéral entre la France et la Chine a été parmi les plus dynamiques, atteignant 74 milliards d’euros en 2019, ce qui le place en troisième position après l’Allemagne et les États-Unis. La balance commerciale est favorable à la Chine en raison de l’organisation des chaînes d’approvisionnement mondiales, mais la croissance de la classe Résumémoyenne chinoise a aussi alimenté la demande de produits français. En conséquence, les exportations françaises vers la Chine ont explosé ces dernières années, doublant entre 2010 et 2019 pour atteindre 21 milliards d’euros.

La France est le troisième investisseur européen en Chine, avec des investissements totaux de 31 milliards d’euros en 2019. Avec 8,6 milliards d’euros, soit 4% des IDE en France, l’investissement chinois en France est historiquement inférieur à l’investissement français en Chine ; et se place loin derrière les États-Unis (16% des IDE) ou même le Japon (8% des IDE). Cependant, les investissements chinois en France ont augmenté de plus de 25% par an depuis 2010, ce qui fait que les investissements bilatéraux s’orientent vers une plus grande réciprocité.

Il est intéressant de noter que les investissements chinois en France ont rapidement gagné en maturité. En se concentrant sur des domaines clés complémentaires tels que le luxe, les produits alimentaires, ainsi que le tourisme, ils ont pu créer une valeur substantielle dans l’Hexagone. Les investissements chinois ont également contribué à la création de plus de 45 000 emplois directs. De plus, on voit aujourd’hui un nombre croissant d’entreprises comme Haier, Alibaba ou Huawei développer une R&D de distribution locale et même des capacités de production en France.

Au-delà du commerce et des investissements, la Chine est devenue un marché majeur pour les entreprises françaises, à l’image d’Airbus, LVMH ou L’Oréal, mais aussi des acteurs plus petits comme Décathlon ont établi des positions de leader dans leur secteur. La Chine représente aujourd’hui jusqu’à 30% du chiffre d’affaires mondial de ces entreprises, ce qui soutient considérablement l’emploi en France.

La coopération dans le domaine de la recherche et de l’éducation, de la culture et du tourisme s’est également développée à un rythme accéléré au fil des années, avec plus de 3 000 chercheurs, près de 40 000 étudiants et plus de 2,2 millions de touristes. On estime que le tourisme chinois génère 320 000 emplois indirects en France. Ces échanges ont également permis de renforcer la compréhension entre les deux pays et de jeter les bases d’une collaboration future plus étroite.

  • Les entreprises françaises et chinoises sont confrontées à des défis dans le contexte de la montée du protectionnisme, amplifié par la crise de la COVID-19

La coopération économique entre la France et la Chine est aujourd’hui à la croisée des chemins. Nombre des changements en cours dans la structure de l’économie mondiale ont été accélérés par des événements majeurs récents tels que la montée du protectionnisme et l’épidémie de Covid-19. Cela crée des défis pour les entreprises chinoises.

Tout d’abord, il existe une pression croissante pour relocaliser la production de certaines ressources stratégiques en France et soutenir l’emploi tout en protégeant le pouvoir d’achat. S’il est peu probable que les chaînes d’approvisionnement mondiales changent de manière significative à court-terme, les entreprises chinoises doivent en tenir rigoureusement compte.

Deuxièmement, des entreprises comme Xiaomi ou Huawei ont fait des progrès significatifs en termes d’image de marque et d’innovation ces dernières années grâce à des produits innovants. Néanmoins, les consommateurs français continuent généralement de percevoir les produits chinois comme étant bon marché et de faible qualité.

Troisièmement, le gouvernement français a mis en place un contrôle plus strict des investissements étrangers en étendant le champ d’application des secteurs jugés sensibles. Le seuil de participation en dessous duquel l’autorisation du gouvernement français est requise a également été abaissé de 33% à 25%, et même à 10% à titre temporaire pour 2020.

D’autre part, les entreprises françaises sont également confrontées à des défis en Chine. Malgré une ouverture importante ces dernières années dans les domaines de l’automobile et de la finance, entre autres, de nombreuses parties de l’économie chinoise restent fermées aux acteurs étrangers. La réciprocité totale n’a pas encore été atteinte, le marché chinois restant moins ouvert aux entreprises françaises et européennes que le marché européen aux entreprises chinoises.

Plus important encore, les entreprises françaises éprouvent de plus en plus de difficultés à faire des affaires en Chine en raison de la forte concurrence des entreprises locales dans un environnement commercial unique et en constante évolution. Les entreprises françaises peuvent de moins en moins compter sur des produits et des images de marque de qualité supérieure pour s’assurer des parts de marché et ont du mal à atteindre le haut degré de localisation nécessaire pour réussir sur le marché chinois.

De plus, comme les entreprises françaises et chinoises doivent localiser davantage, elles sont confrontées à des défis communs liés aux différences culturelles. Elles doivent toutes deux trouver un équilibre entre la nécessité de conserver leur identité tout en étant capables de s’adapter aux pratiques locales et d’attirer les talents locaux.

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Published juillet 2020. Available in
Portrait of Nicolas Teisseyre
Associé sénior
Paris Office, Western Europe
+33 1 5367-0973
Portrait of Denis Depoux
Associé sénior, Global Managing Director
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